Dimanche 10 octobre 2006 - Wittenheim (68)
Oyez les Fiévreux,
en ce jour de
l'an de
grâce 2006, il
plut aux boxers de se retrouver en la ville de Wittenheim, Haut-Rhin,
derrière le château d'eau. Rendez-vous fut donc pris avec Richard pour
réunir sa Daytona et ma Smoke à l'occasion de la bourse-expo annuelle
de l'Association de la Moto Ancienne d'Alsace.
9h - Atelier-Garage. Branle-bas de combat pour
astiquer
titine, des fois qu'un pinailleur vienne fourrer son nez sous ses
jupes. Je réalise qu'il me faudrait quelques cartes de visites pour les
curieux et potentiels futurs membres. Je me dois donc d'anticiper la
demande. Il me reste 5 minutes pour préparer du vite fait, en mode
brouillon mais suffisament lisible pour passer l'info : en l'occurence,
les adressses des groupes BoxerFever & R90S ...15 minutes et 2
bourrages d'imprimante plus tard, je découpe fébrilement une vingtaine
de petits papiers, et scrogneugneu, c'est parti ! Pas eu le temps de
finasser. Mes cartes ressemblent à des tickets de tombola pour la fête
à la saucisse de Moche Les Grands Clapiers. On fera avec. Tout est prêt
: la bécane, le pilote et l'appareil photo. Important l'appareil photo,
pour les copains. Le boxer chauffe depuis 3 minutes quand je ferme
l'atelier et enfile dans l'ordre : casque, gants et N66 en direction de
Wittenheim. Raputin ( comme dirait Dédé ) A peine parti et déjà en
retard ! Ce n'est pas une raison pour prendre des risques, on y va
cool. Inutile de gâcher cette petite étape de liaison de 20 kms.
10h30 - N66 - Echangeur de Wittelsheim. Je dois en plus être très
attentif à ma
titine dont c'est la première sortie depuis 2 mois ! J'opte pour les
petites routes, plus sympathiques que les grands axes et surtout moins
dangeureuses le dimanche matin. Grave erreur ! En quittant la nationale
par une bretelle, je me retrouve derrière un Papy Mougeot se rendant à
la messe ( plus près de touaaaa, mon Dieuuuu ). La courbe est longue
comme un jour sans pain et je ronge mon frein en attendant une fenêtre
de lancement pour mes bourrins. Nous négocions enfin la sortie du
virage à la vitesse indécente de 45 km/h. Alléééééé Pépééééé ! Je colle
au fesses du corbillard en devenir. Encore 15 mètres et je m'en vais te
faire exploser le sonotone de l'ancêtre avant que l'idée saugrenue de
passer la seconde emporte dans un éclair fulgurant ses derniers
synapses alzheimérisés. Un ch'tit coup d'oeil réflexe de sécurité dans
le rétro ...enfer et boule de bite ! Une midinette, le portable vissé à
l'oreille gauche ( la droite est réservée à la radio R'nB ) déboule sur
moi avec sa Twingo rouge. Je me retourne car je n'en crois pas mon
rétroviseur ( n'étant pas d'origine, sa fiabilité est sujette à
controverse ). La tête tournée vers la gauche en direction des sommets
Vosgiens, elle hurle dans son turlutophone et semble transmettre un
reportage en direct sur la persistence des brouillards d'automne. Allez
savoir ce qui se passe dans la tête d'une blonde ! Mes moulinets
désespérés du bras gauche pour attirer son attention sont inopérants.
Elle s'approche dangeureusement et dans moins de 3 secondes
je
vais m'accordéoniser le Papé... Pas le choix : tel Zorro
sifflant
son fidèle Tornado, j'essore la poignée droite et mes Dell' me
catapultent illico sur la voie de gauche ...heureusement vide. J'ai eu
très chaud. Cette blondasse péroxidée a été à deux doigts de
m'atomiser. Je ne lui en adresse qu'un seul, furax mais économe, je
décide de ne pas me faire de portière ce matin. Je traverse une partie
du Bassin-Potassique en saluant au passage le dernier puit de mine
jouxtant la cité Amélie. Tout une époque.
11h15 - Parking de l'expo. Richard est déjà là, en
grande
discussion avec quelques lascars. Je viens aligner ma titine sur un
parking quasi désert. Il est encore trop tôt mais le beau temps doit
être responsable de cette désaffection qui étonne aussi tous ceux que
j'interroge à ce sujet. Il y a un un an exactement, Denis et
moi
arrivions sur ce même parking complet et provoquions un attroupement.
Nos deux Silver-Smoke avaient eu un succès discret mais chaleureux. Il
en est de même aujourd'hui. Le temps d'enlever mon casque et je me
retrouve en face un poteau perdu de vue depuis 25 ans. Heureux de me
retrouver et de m'annoncer qu'il avait eu lui aussi une 90S, il y a
bien longtemps. Non ? Si ! Echange de nos numéros de téléphone et
promesse de se faire une méga-bouffe de retrouvaille pour les jours à
venir. Aurai-je la patience d'attendre l'instant magique entre la poire
et le fromage avant de le convaicre d'en reprendre une et de nos
rejoindre ? Nous faisons également la connaissance de Jean-Luc et de sa
BSA vert bouteille. Alsacien depuis peu, il nous rejoindra à
l'occasion pour découvrir nos vallons et nos vignobles. Je fais
quelques photos de nos 2 titines pour immortaliser la première vraie
journée de balade du groupe. Ben oui les gars, deux, c'est déjà un
groupe ! J'avais espéré faire un triplé, ce sera pour une prochaine
fois. Il est l'heure de découvrir les merveilles que nous ont concocté
les membres de l'Association de la Moto Ancienne d'Alsace...
11h45 - L'expo. Prix d'entrée très
abordable : 3-?.
D'autant plus que Richard m'invite :O) La salle est modeste
et
offre une petite surface d'exposition. C'est pas Bercy, mais l'Assoce
nous a préparé à un gala de qualité. Je mitraille à
l'intention
de tous ceux qui n'auront pas fait le déplacement, puis direction
l'extérieur et la bourse, le bar et le casse-croûte. La collection est
bien fournie et de très bonne qualité. Certaines restaurations sont
étonnantes. A coté des classiques Peugeot ( nous ne sommes pas loin de
Sochaux ), je découvre 2 Dollars et un magnifique side Monet-Guyon.
Richard bave devant une R69S superbement restaurée. La tache que vous
apercevrez sous la moto, c'est lui :O) Une R75/5 Jubilé s'affiche à
3500?. Trop belle pour être honnête selon Richard, alors que juste à
gauche, un OVNI indéfinissable s'expose dans une superbe livrée rouge
vif. Quelques exemplaires des années 70 trônent au milieu des oldies.
Richard s'arrête tous les 3 mètres. Il connait tout le monde, le bougre
! Loin d'être un spécialiste et vous laisse découvrir les Motobécanes,
Terrot, Alcyon, Griffon et autres modèles sur le diaporama.
Un petit passage à
l'extérieur du
bâtiment. La bourse est beaucoup moins fournie que l'année précédente.
Les étalages me font plutôt penser à un vide grenier. Dommage.
J'apprends qu'un des membres de l'assoce possède une Daytona. Non ! Qui
? Où ? Lui ? Là-bas, le type qui t'a donné tes frites ! Je me fends
d'une carte et jure d'en faire des plus propres dès la semaine
prochaine. Le gars est intéressé mais déjà fort occupé toute l'année
avec son assoce et aujourd'hui avec ses merguez. Il me remercie s'en
retourne vite à ses frites. Mais il a quand même pris 5 minutes pour
relater son incroyable coup de bol et l'histoire de sa trouvaille
achetée 3 ans auparavant... Je ne vous en dirai pas plus par charité
chrétienne. Certains d'entre-vous n'ont pas le coeur assez solide et ne
s'en remettraient pas. C'est pas le tout, mais faut pas trainer;
l'huile va figer. Le temps est magnifique et nos bécanes piaffent
d'impatience. Un Dimanche ensoleillé, c'est fait pour rouler.
C'est bien gentil d'admirer les robes de nos titines, mais c'est sur la
route qu'elles s'éclatent le mieux.
12h45 - Retour sur le parking toujours aussi vide. Mais cela
va
bien faire
notre affaire
puisque nos 2 têtes de fourches continuent attirer le regard et le
chaland. C'est ça l'effet 90S ! Pendant que nous nous équipons, un gars
s'approche et se présente : Jean-Pierre, journaliste de LVM. On a du
temps à lui consacrer ? Bien sûr ! Détails techniques, infos diverses,
qui êtes-vous, d'où viendez-vous, où ralez-vous etc... Je sors mes
petits papiers et commence mon explication sur les groupes mentionnés.
BoxerFever ? oui, il connait. R90S ? Non, mais il se doute... Je me
lance et lui explique que Dédé le motard Fou rêve de réunir l'année
prochaine au moins 90 machines pour une photo au pied du Mont Dore.
L'idée lui plait : Chouette, je vais même vous donner un coup de pouce
en vous faire de la pub. On pose pour la photo. S'agit maintenant de
surveiller attentivement la sortie des prochains LVM...
13h00 - Seules les routes de montagnes sauront soulager notre envie de
rouler. Direction le Grand Ballon
via la voie
rapide afin de rejoindre au plus vite le pied des Vosges. Le temps de
faire le plein et nous permutons nos machines. Me voici enfin au guidon
de cette Daytona. J'attendais ce moment depuis plusieurs mois. Les
amortos neufs sont aussi durs que les miens restaurés. Le moulin tourne
comme un horloge avec un bruit un peu plus sourd que le mien. Les pots
en sont sans doute la cause. Elle est un peu plus lente à monter dans
les tours, mais juste d'un poil. Un petit réglage de carburation
devrait nous remettre à égalité. Je m'habitue vite à l'embrayage que je
trouve un peu brutal pour une machine avec seulement 30.000 kms. On
vérifiera le réglage de la biellette. Le freinage est sans surprise,
comme sur toutes les machines de cette gamme : honnête mais pas plus.
Le frein moteur est heureusement dispo. La direction me semble un peu
plus lourde, c'est vrai que mon guidon est plus large. Je baisse les
yeux sur la molette du frein de direction et ...surprise ! Une légère
déviation vers la gauche me laisse à penser que les Tés sont peut-être
un chouia désaxés. Je lâche tout et oula... le guidonnage est immédiat
et violent. J'en profite pour jeter un oeil à ma titine qui caracole
devant moi. Richard à l'air bien à son aise, peinard. C'est un
spectacle sympa, car je n'ai pas souvent l'occasion de me trouver dans
une position d'observateur. La dernière fois, j'essayais le café-racer
de Patrice. Je passe devant Richard afin qu'il puisse admirer sa
Daytona. Motards et voyeurs à la fois, nous cumulons tous les vices.
Nous les assumons aussi. Les couleurs de l'automne sont déjà bien
installées, la température est très douce. Nos 2 frelons vrombissent
gentiment... le bonheur, c'est simple comme un coup de Dell...
14h15 - Arrivés au Markstein. Nous sirotons un café en
contemplant
nos 90S garées en épi. Savourer... ce verbe prends une toute nouvelle
signification. Certains promeneurs s'arrêtent, d'autres en font 3 fois
le tour. Nous décidons que le prochain dimanche de pluie sera consacré
à corriger le guidonnage de la Daytona. Alézou, toujours plus haut,
direction le sommet. La Route des Crètes est encombrée de camping-cars
et d'autobus suisses et allemands. C'est dimanche, faut faire avec les
autres usagers.
15h - Arrêt photo au Grand Ballon. Rien à voir sinon une très
belle vue
plongeante sur la plaine d'Alsace. Ok, c'est bô. Et nous voilà reparti
pour la grande descente vers la vallée de Thann avec ses plus beaux
virages. La vue sur la plaine est bien dégagée et j'aperçois juste en
face la Forêt Noire noyée dans la brûme. La couche de nuages, telle une
immatérielle frontière laisse passer quelques sommets sur le massif
germanique de l'autre côté du Rhin. Des sommets ? Quels sommets ? La
SchwartzWald teutonne est une montagne à vache, comme nos Vosges ! On a
beau le savoir, c'est à chaque fois la surprise et un choc: semblant
flotter sur les nuages, la chaine des Alpes Bernoises couvrent presque
tout l'horizon. Les chances de tomber sur un tel spectacle se
comptent sur les doigts de la main. Je comprend mieux maintenant
pourquoi tout le monde s'arrête sur le bord de la route, n'importe
comment, voitures, motos, vélos... Je klaxonne pour inciter Richard à
s'arrêter, mais il ne m'entends pas (penser à changer mon buzzer contre
un vrai avertisseur ) Au virage suivant, la Daytona se gare à droite
puis s'arrête. Un Richard rayonnant se tourne vers moi : Photo ? Tu
parles, et plutot deux fois qu'une.
Malheureusement mon vieil
appareil
d'entrée de gamme ne saura pas restituer le spectacle grandiose qui
s'étale devant nous. Peut-être que Richard aura des photos de meilleure
qualité ? Pour ne pas vous frustrer, voici un site pour vous donner une
idée : http://gilles.wittmer.free.fr/Les%20Vosges.htm
Plein les yeux, nous
redescendons vers
Thann en empruntant la route de Golbach. Ma préférée car très peu
fréquentée, avec de belles courbes, de grands et larges virages et 2
épingles sympas.
15h45 - Richard est chaud pour repartir à l'assaut du Ballon d'Alsace
par
le col du Hundsruck, pour terminer cet après-midi déjà riche en beaux
paysages. Je continue tout droit, frustré de ne pouvoir repartir avec
lui en direction de la superbe vallée de Masevaux, havre de paix de
notre fiévreux Daniel Gasser. Mes dossiers m'attendent et je suis déjà
en retard.